Ce que Francine Poitevin a semé


















































Ce que Francine Poitevin a semé
Du 18 avril au 19 juillet 2025
Une constellation entre trois lieux : musée Sainte-Croix de Poitiers, Centre d’art, école d’art et artothèque de Grand Châtellerault et L’École – centre d’art contemporain CHABRAM².
Entrée libre et gratuite.
Commissariat : Andréanne Béguin, avec l’accompagnement curatorial de Föhn
Avec les artistes : Léon Binétruy, Claire Bouffay, Clément Courgeon, Célie Falières, Aurélie Ferruel & Florentine Guédon, Thomas Gaugain, Giga-Dinette, Barbara Kairos, Lou-Andréa Lassalle-Villaroya, Théophile Peris et Alexandra Pouzet
Un dialogue entre le fonds ethnographique de Francine Poitevin (1869 – 1946), déposé au musée Sainte-Croix de Poitiers par le Mucem, et des œuvres d’art et performances contemporaines.
À contre-courant du progrès, Francine Poitevin, institutrice née en 1869, s’est passionnée pour les « vieilleries », ces objets domestiques et quotidiens devenus désuets. Elle a constitué un fond d’ethnographie rurale, résolument artistique, à défaut d’être rigoureusement scientifique, aujourd’hui conservé au musée Sainte-Croix de Potiers. Coiffes, tabatières, boîte à sel, céramiques, bourgnes, lampe… constituent un corpus éclectique d’art populaire, des artefacts modestes et ordinaires. Souvent sans provenance, avec des appellations erronées, ou des fonctions oubliées, ces items n’en restent pas moins les témoins d’une époque et d’une société.
L’exposition souhaite opérer des croisements entre la démarche de Francine Poitevin et des pratiques artistiques contemporaines qui se construisent à partir d’objets ruraux anciens, de formes pauvres et vernaculaires. C’est une exploration du populaire à travers les âges en suivant le fil de la ruralité, de ses héritages à ses réminiscences contemporaines. Sur trois lieux, le musée Sainte-Croix de Poitiers, le Centre d’art, école d’art et artothèque de Grand Châtellerault, et L’École – centre d’art contemporain CHABRAM² à Touzac-Belleville, et avec l’accompagnement curatorial de Föhn, l’exposition réunit treize d’artistes qui, à leur manière, réalisent une forme d’ethnographie et s’intéressent à ce que Philippe Dagen nomme le « tribal occidental », c’est-à-dire le primitif des sociétés modernes. Des arts vernaculaires, investis par des pratiques contemporaines, inclusives, généreuses, hybride et critiques, comme autant de résistances à l’appropriation du folklore local par les idéologies identitaires.
Pour faire vivre et revivre ces gestes et récits du siècle passé, l’exposition proposait avec les complicités des artistes divers temps forts et activations.
Performance Célie Falières :
Pour le vernissage, dans la cour du musée Sainte-Croix, une drôle de créature a surpris les visiteur·euses. Des jambes nues chaussées de sabot-bottes dépassent d’une grande capote en laine. Seulette, c’est le nom de ce personnage mi-humain, mi-bête, déambule dans les espaces du musée, entre le public, s’avance vers les œuvres, monte et descend les escaliers. Sa présence invite au silence et une fois que le brouhaha du vernissage s’est tû on entend alors des bêlements et des cloches s’élever dans son sillage. C’est le bruit des alpages que Seulette charrie avec elle. Bien que son épaisse couche de laine écrue devienne presque une fourrure, c’est pourtant bien la rumeur de l’été qui l’accompagne. En effet, il s’agit d’enregistrements des troupeaux aux estives, c’est-à-dire aux pâturages d’été en montagne. Célie Falières nous transporte alors des plaines poitevines aux reliefs pyrénéens, en suivant la trace des traditions rurales, d’une vie simple au grand air partagée avec les bêtes.
Performance Théophile Peris :
Avec de la terre de Moncrabeau, son village du Lot, Théophile Peris, a façonné une famille de céramiques fonctionnelles aux allures anthropomorphes, qui bien que fêlées, demeurent activables. Ces casques-fontaines sont nés de la rencontre entre une gouttière en bois sculpté et un casque en céramique. Ils sont présentés dans l’exposition et ont été aussi activés lors d’une performance participative. Les pots, tout comme les corps, contiennent des liquides chauds ou froids et se vident, se remplissent, suintent, coulent. Des personnes volontaires du public enfilent ces casques, et l’artiste vient ensuite y faire couler de l’eau. Celle-ci, en passant par les cavités et conduits en terre cuite, jaillit soudainement des becs de ces fontaines surprenantes et malicieuses. Cette assemblée joyeuse devient alors un chœur de gargouilles aux lignes rudimentaires.
Performance de Giga-dinette :
En résidence à la Laiterie Coopérative d’Archigny et accompagnées par Gilles Fromonteil, Jane Bidet et Clara Valdes, qui ensemble forment le duo Giga-dinette, ont créé un service en porcelaine. Inspirées par les nombreux contenants alimentaires du fonds Francine Poitevin, elles ont reproduit des motifs ornementaux sur ces céramiques fonctionnelles et elles y ont ajouté des petits grigris en perles, inspirés quant à eux des paniers décoratifs de la collection. Fidèles à leur esthétique, l’ensemble est blanc, présenté dans l’exposition sur un ensemble de kapla géant, renforçant ainsi le jeu sur les échelles, passant ainsi de jeux d’enfants à des formes sculpturales grandeur nature. Activé lors d’une performance participative, ce service immaculé a permis à Giga-dinette d’inviter le public à son banquet Pique-assiette, à la fois goûter et apéritif. Tous les produits disposés dans les plats et les contenants, fromages frais, brioche, confiture, sont poitevins, car elles ont aussi profité de leur temps de résidence pour aller à la rencontre des producteurs locaux. Le jour de la performance, elles ont cuisiné et préparé douceurs et apéritifs avec la complicité de l’association Le goût des autres.
Performance Lou-Andréa Lassalle-Villaroya :
En résidence de création-médiation à l’ÉCOLE – centre d’art contemporain CHABRAM2, Lou-Andréa Lassalle-Villaroya a ouvert un nouveau chapitre de son Caylus Culture Club, aventure folklorique qu’elle mène depuis 2013, et qu’elle déploie en fonction des contextes locaux. À partir des récits et des légendes racontées par Francine Poitevin dans ces ouvrages, l’artiste s’est arrêtée sur une figure atypique et inquiétante Mélusine. En effet, dans la vision idyllique de la nature qui traverse et infuse les écrits de Francine Poitevin, les batraciens et les reptiles dénotent, car dans cette ode à la nature, ce sont ses seules créatures négativement perçues et associées à des évènements dramatiques, tous rassemblées en la figure de Mélusine. Mi-femme, mi-serpent, celle-ci incarne aussi un type de féminité réprouvée par les moeurs traditionnelles. L’artiste revisite cet héritage pour en faire une déesse puissante et vénérée par un envoûtant chœur lors du week-end de performances. Tout au long de sa résidence, Lou-Andréa Lassalle-Villaroya a travaillé avec des publics locaux, écoles et Ehpads, pour confectionner des costumes, des accessoires de parade. Elle a également animé des ateliers d’écriture pour la création de chansons, mises en musique par Paul Grollier, accordéoniste et professeur de musique et danse traditionnelles au Conservatoire Gabriel Fauré à Angoulême.
À Touzac, dans l’ancienne école du village, étaient visibles pendant l’exposition-laboratoire les masques, les décors, les marionnettes qui peuplent l’univers de l’artiste.
Lors du week-end de restitution, les publics ayant participé aux ateliers, ainsi que des visiteur·euses ont pu assister à une double performance. La première consistait en une chorale-parade entre le lavoir du château de Lignières-Ambleville et l’EHPAD Larchier.
Pour la seconde dans le jardin de l’ÉCOLE, Lou-Andréa Lassalle-Villaroya avait invité cinq jeunes diplômé·es de l’EESI d’Angoulême : Emma Fernandez, Chien, Marie-Canelle Hasni-Priou, Ora Yermia, Salomé Tavan. Leur laissant carte-blanche, elles et ils se sont à leur tour approprié cette figure de Mélusine, pour créer en tissage et en carton-mâché, une longue figurine de carnaval, mais un carnaval cette fois largement empreigné d’une esthétique éco-féministe. À partir d’une chanson consignée par Francine Poitevin, elles et ils ont réécrit une forme d’incantation murmurée aux oreilles du public, se mêlant aux sifflements émis céramiques produites également par l’occasion.
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JEUDI 17 AVRIL
à 18h Vernissage public de l’exposition au musée Sainte-Croix
à 18h30 Performance de l’artiste Célie Falières
VENDREDI 18 AVRIL
à 18h Vernissage public de l’exposition au centre d’art contemporain, école d’art et artothèque de Grand Châtellerault
SAMEDI 24 MAI
à 16h Performance de l’artiste Théophile Peris au centre d’art contemporain, école d’art et artothèque de Grand Châtellerault
à 17h Goûter-performance participative du duo d’artistes Giga dinette
VENDREDI 13 JUIN
20h30 Soirée « Ciné Patrimoine » au cinéma le CLUB – 32 boulevard Chanzy, 16300 Barbezieux-Saint-Hilaire – dans le cadre de la résidence de Lou-Andréa Lassalle-Villaroya à l’ÉCOLE – centre d’art contemporain CHABRAM2
SAMEDI 14 JUIN
à 18h Conversation entre l’autrice Judith Rapet et l’artiste Lou-Andréa Lassalle-Villaroya
Salle des loisirs – Place de l’Église, 16120 Touzac – Bellevigne
SAMEDI 28 JUIN
à 15h30 Parade musicale suivie d’un verre de l’amitié.
Impasse du Lavoir 16130 Lignières Ambleville
DIMANCHE 29 JUIN
à 14h Folklo-boum, performance de Lou-Andréa Lassalle-Villaroya et les jeunes artistes angoumoisins·sines (Emma Fernandez, Chien, Marie-Canelle Hasni-Priou, Ora Yermia, Salomé Tavan, Slava Lapshin) à L’ÉCOLE–centre d’art contemporain CHABRAM2.
Performance suivie d’un repas partagé.
SAMEDI 19 JUILLET
à 15h Visite guidée de l’exposition au musée Sainte-Croix
Le projet Ce que Francine Poitevin a semé est réalisé en co-production avec le musée Sainte-Croix, le Centre d’art, école d’art et artothèque de Grand Châtellerault et L’École – centre d’art contemporain CHABRAM². Il est soutenu par le contrat de filière arts plastiques et visuels avec l’État, la Région Nouvelle-Aquitaine et Astre, le réseau arts plastiques & visuels Nouvelle-Aquitaine.