Le cantique des météores


La nuit tombe, habitée par le chant des insectes. Elle nous invite à pénétrer dans un espace-temps qui semble étiré, éternel, épaissi. Il s’agit du temps de l’intériorité, celui des météores.
Ces phénomènes célestes autrefois lus dans le ciel comme des présages, ici sont les voix d’une collectivité d’êtres, dont les mouvements peuplent le ciel de notre intériorité. Leur chant agit en nous comme une agriculture du dedans. Dans un double mouvement de percée et d’ érosion, nos corps se trouvent alors touchés, façonnés, sculptés par ses courants sonores. Un voyage intrachorégraphique commence.

Le cantique des météores est un projet transdisciplinaire qui symbiose les langages du corps, de la voix, de la musique et de l’écriture dans un double format : édition et performance. Son protocole privilégie le régime de l’expérience participative, en se déployant sur une temporalité non proprement spectaculaire.

Comment transformer ce qui nous traverse — émotions, mémoires, rêves, deuils — en une force vitale ? Comment réensemencer nos intériorités pour retrouver une puissance d’agir, vivante, poétique et collective ? Je nomme « agriculture somatique » le processus central de cette recherche. Le chant s’y manifeste comme un phénomène écopoétique qui cultive nos corps comme terre, terreau et territoire. Si autrefois nous cultivions la terre pour survivre, il nous faut aujourd’hui cultiver nos imaginaires et nos corps pour inventer des futurs plus désirables. Le chant des météores cherche à fertiliser des espaces chorégraphiques spéculatifs qui engagent le corps-auditeur de l’intérieur. Entre incantation et lamentation,  le cantique des météores convoque des paysages imaginaires où la mémoire et l’intuition ouvrent des brèches vers d’autres manières d’être et d’habiter le monde.

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Maïte Álvarez est une artiste-chercheuse installée à Bruxelles. Son travail explore la chorégraphie en tant qu’espace d’écriture entre les corps, à travers des installations immersives et atmosphériques qui relient le mouvement, la voix et l’écriture à une écopoétique des corps et des imaginaires. Ses créations ont été présentées notamment au FRAC Sud, à KAAP, à l’Atelier 210 et au CWB/Paris — en partenariat avec la Fondation Fiminco —, et soutenues par la Fédération Wallonie-Bruxelles, Charleroi danse et le Goethe Institute. Après avoir étudié la performance et la chorégraphie à l’ISAC/ArBA-EsA de Bruxelles (Master, 2018) ainsi que le graphisme à la HEAR de Strasbourg (DNSEP, 2012), elle complète sa formation par les outils du Yoga et de la Fascia en se formant au Kundalinī Research Institute (2021) puis en Pédagogie Perceptive à la Body Mind Academy (2024). Elle développe aujourd’hui une pratique transversale où recherche artistique, approches somatiques et énergétiques cohabitent.